Ce mardi 5 novembre à 6h du matin, pour expulser ces deux maisons, des machines de démolition, ainsi que plus d'une centaine de représentant-es des forces de l'ordre ont débarqué : huissier-es, policier-es, gardes mobiles, RG, agent-es municipal-es, déménageur-euses, ouvrier-es, dépanneur-euse, et autres représentant-es de l’État. Alors qu'à ce moment là, nous n'étions que 6 personnes, 2 poules et un chat...
cet arsenal était complètement démesuré. Les flics ont forcé violemment la porte au bélier et nous ont sorti-es de la maison. Il-elles ont donné l'ordre de quitter les lieux immédiatement ; dans un second temps seulement, nous avons obtenu de prendre quelques objets, mais pas la totalité.
Alors qu'on rassemblait des affaires, les keufs s'amusaient à casser des vitres en se foutant de nos gueules ouvertement. Afin de nous empêcher de prévenir du monde, un brouilleur d'ondes rendait les téléphones inutilisables. Toute la ceinture verte étaient encadrée de flics.
En fin d'après-midi, les deux bâtisses, le jardin, les cabanes, le poulailler et les arbres environnants n'étaient plus qu'un tas de gravats. Cette expulsion était totalement inattendue : un procès en appel devait avoir lieu en février (demandé par la DREAL, Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement).
Au moyen d'une magouille particulièrement vicieuse (mais légale), l'expulsion s'est faite au titre d' « occupants non identifiables » alors qu'il suffisait de lire les noms présents sur la boite aux lettres depuis plus d'un mois. Le traitement médiatique de cette expulsion a été déguelasse et ridicule. Nous sommes révoltés d'avoir vu des photos de mises en scènes de l'expulsion avec la complicité des gendarmes mobiles. Aussi, le lendemain, une photo non floutées d'un des habitants a été publiée (évidemment) sans son accord en première page d'un quotidien local. Une fois les occupant-e-s expulsé-e-s, le préfet en a profité pour se pavaner devant la maison se positionnant comme garant irréprochable du maintien de l'ordre. Il a insisté sur l'aspect strictement légal de cette expulsion alors qu'il-elles manipulent les lois et les faits à leur avantage par omission.
Cette expulsion arrive à point nommé pour les élu-e-s locaux, à quelques mois de la mascarade électorale des municipales, dans une période teintée de scandales et de pressions politiques pour la LEO. Cette occupation s'est réalisée dans le cadre de la lutte contre le projet autoroutier LEO. Ce dernier prévoit de rejoindre les autoroutes A7 et A9, en passant par la ceinture verte, l'une des dernières zones agricoles extrêmement fertiles, en périphérie d'Avignon.
Le 27 avril 2013, une manif-occup a eu lieu pour faire connaître la lutte, suivie de 5 jours d'occupation sur la zone. Depuis février, nous étions une quinzaine d'habitant-e-s à la GangGraine, et depuis l'inauguration de la Vis-la-Résistance, début mai, le collectif organisait de nombreux événements : projections, concerts, cantines, débats, réunions... Le collectif l'Horta cultivait des terres dans la zone. La particularité de ce lieu était de se situer à 15min à vélo de la ville, tout en étant en zone rurale. De nombreux liens avaient été tissés avec les voisin-e-s de la zone. Alors que les financements de la LEO n'arriveront qu'en 2030-2050, des maisons sont rasées. En effet, cet été, une commission gouvernementale a décidé de retirer les financements de l'état pour ce projet, le jugeant non prioritaire, jusqu'à 2030 à 2050. Les élu-e-s locaux restent malgré tout fermement attaché-e-s à ce projet. Terres agricoles et bâtiments sont désormais expropriés alors que peut-être la LEO ne verra jamais le jour. Une maison avait déjà été rasée en juillet 2013. Malgré le report des financements, à coup de bulldozers, le tracé de la LEO se dessine, anéantissant tout sur son passage.

Cette expulsion, malgré sa violence, ne sonne pas le glas de notre collectif. On garde la patate !!!
le collectif la GangGraine