Présent·e·s sur les lieux depuis le 22 janvier 2013, les occupant·e·s
ont pris contact avec la propriétaire du bâtiment. Grand mal leur en a
pris, car cette initiative a aussitôt déclenché une opération répressive
démesurée : en guise de réponse, plusieurs fourgons et des dizaines de
policiers sont aussitôt arrivés sur les lieux.
D'après la législation, si la police constate que les occupant·e·s ont
élu domicile depuis plus de 48 heures dans les lieux, seul un tribunal
peut trancher le litige entre propriétaire et résident·e·s. Mais malgré
les diverses preuves de l'antériorité de l'occupation (facture EDF,
lettres, etc.) et le rappel à la loi qui leur a été communiqué par une
avocate du barreau de Dijon, la police a décidé de passer en force.
Après avoir aspergé les occupant·e·s de gaz lacrymogène, les policiers
sont entrés dans les lieux par effraction, brisant le cadenas de
l'entrée, avant de menotter et procéder à l'arrestation des 17 personnes
présentes, les plaçant ensuite en garde à vue sous les accusations
fantasques de "violation de domicile" (de qui !?) et de "dégradation de
bien en réunion" (ce sont pourtant les policiers qui ont fracassé
l'entrée).
L'avocate des occupant·e·s s'est ensuite vue refuser le droit de leur
parler. Tout ceci confirme une fois de plus l'indifférence des "forces
de l'ordre" vis-à-vis de la légalité qu'elles sont censées faire
respecter : à Dijon, le mépris des procédures par la police semble être
en passe de devenir la norme… Pour exemple, rappelons l'expulsion tout
aussi illégale et dans de semblables circonstances d'un squat occupé par
des demandeurs d'asile, le 17 décembre dernier.
Quantité de collectifs et associations s'en étaient alors scandalisés.
Si cela n'a manifestement pas empêché la police de récidiver ce jour, il
y a également de quoi s'inquiéter de l'escalade des moyens employés : le
gazage, l'arrestation et le placement en garde à vue des gens présents
sous des prétextes fallacieux semble répondre à une logique de pression,
d'abus de pouvoir et d'intimidation.
Un sentiment d'incrédulité voire d'incompréhension, face à un tel
déploiement de moyens, régnait au sein même des locaux de la police dans
la journée. Plusieurs fonctionnaires laissaient entendre l'inutilité et
la démesure d'une telle opération : mobilisation de deux commissariats
de l'agglomération, et réquisition de la quasi totalité des Officiers de
Police Judiciaire pour auditionner les gardé·e·s à vue.
Les 17 personnes arrêtées ont finalement été relâchées entre 21H et 23H,
sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elles. Un désaveu on ne
peut plus clair de l'opération policière, de la part d'un procureur
voulant probablement se préserver de l'embarras devant les méthodes de
ses gros bras. En ce qui nous concerne, que cela soit clair : nous
n'avons pas l'intention d'en rester là et de nous laisser faire.
Pendant que le gouvernement socialiste fanfaronne en agitant le spectre
de la réquisition, il n'hésite pas, localement, à rendre la vie
impossible à qui n'a pas le luxe du logement : récente fermeture des
parkings la nuit tombée, et répression systématique de la mise en
pratique par les premier·e·s concerné·e·s des réquisitions annoncées.
Par ce communiqué, nous réaffirmons donc :
- notre refus de toutes les expulsions ;
- notre détermination à réquisitionner des bâtiments abandonnés ;
- notre légitimité à occuper ce lieu délaissé en particulier ;
- notre constat des méthodes aussi brutales qu'illégales de la police ;
- notre dénonciation d'une politique de répression et d'intimidation ;
Intersquat Dijon