Tanneries. Aujourd'hui, face aux flous créé par cette annonce ou au

franches attaques de l'opposition municipale, il nous semble nécessaire

de « mettre les points sur les i ». Ce d'autant plus qu'en réalité, rien

n'est réglé en ce qui concerne l'avenir de l'espace autogéré.


L'espace autogéré des Tanneries, c'est — effectivement — une salle de

concert accessible à tou·te·s, et investie par des dizaines

d'associations et de collectifs dijonnais·es, attirant de multiples

groupes locaux et internationaux chaque année, ainsi que des centaines

de personnes chaque semaine. C'est un espace indépendant et ouvert, qui

fonctionne sans hiérarchie ni subventions, et qui abrite de nombreux

autres projets collectifs. C'est une bibliothèque, des locaux de

répétition, une salle de sports, de cinéma, des ateliers vélo/mécanique,

de l'impression et de la sérigraphie, un potager, des projets de médias

indépendants et d'informatique libre, une zone de gratuité, des espaces

de réunions. C'est aussi un lieu de vie collective en rupture avec l'isolement

et l'atomisation des individus. C'est enfin un espace de convergence de luttes,

de mise en commun et de critique des rapports marchands et de domination.


Cet espace est né d'une occupation, en octobre 1998, de locaux

industriels laissés à l'abandon par la mairie de Dijon. Depuis 12 ans,

nous nous sommes employé·e·s à restaurer, aménager, construire dans ces

locaux à nos seuls frais (et non pas aux frais du contribuable comme le

fantasme l'opposition, qui a été, rappelons-le, la première à négocier

avec nous une convention, du temps du Maire Poujade). Pendant ces 12

ans, quelle que soit la couleur de la municipalité, nous avons cependant

dû lutter, à diverses reprises, pour garantir que le lieu ne soit pas

expulsé. Le soutien populaire a toujours été fort, aussi bien à Dijon

que beaucoup plus largement en Europe, où l'espace autogéré est devenu

un symbole de dynamiques culturelles, sociales et politiques

indépendante, autogestionnaires et contestataires.


Il y a 3 ans, la Mairie annonçait qu'en cas de projet d'urbanisme, elle

proposerait des solutions de relogement garantissant la continuité du

projet Tanneries, et la remise en œuvre des activités actuelles. Nous

avons été clair·e·s, de notre coté, sur le fait qu'il n'était pas

envisageable de quitter ces lieux pour nous retrouver dans un cube de

tôle vide, sans l'assurance de conserver notre autonomie, de pouvoir

redéployer la diversité de nos activités, et d'obtenir un bail stable.


Si, aujourd'hui, la Mairie s'engage sur certains travaux

infra structurels qui ne font que partiellement compenser la perte de

tous les aménagements réalisés au fil des années, il ne s'agit en aucun

cas d'une subvention de fonctionnement régulière, dont nous n'avons

jamais voulu et ne voulons pas ! Rappelons que cet engagement financier

sera largement compensé par la mise en vente au prix fort des terrains

actuels à des promoteurs immobiliers. Rappelons aussi que cette somme

ponctuelle ne pèse pas lourd face aux subventions bien réelles allouées

chaque année aux diverses structures culturelles de la ville, de

l'Auditorium au Zénith en passant le Grand Théâtre (pour ne citer que

l'Auditorium, la ville de Dijon donne annuellement environ 3 millions de

subventions, pour un coût de construction de 53 millions, tandis que le

budget annuel accordé aux subventions culturelles est d'environ 50 millions).

Précisons que malgré l'apport municipal sur certaines partie du gros œuvre —

indispensable vu l'état du bâtiment proposé — nous aurions encore bien

des chantiers d'ampleur à réaliser pour reloger les activités.


Mais nous tenons surtout, aujourd'hui, à attirer l'attention sur le fait

que nous ne sommes pour l'instant arrivés à aucun accord sur un bail qui

garantisse l'avenir et l'indépendance des Tanneries. Rien ne servirait

de déménager, si cela impliquait une situation plus précaire encore que

par le passé et une marge d'autogestion limitée, qui ferait alors

perdre au projet sons sens et sa singularité de fonctionnement. Nous

attendons donc de voir ce qui va avancer sur cet aspect dans la suite

des négociations. En l'absence de solution satisfaisante, nous ne sommes

pas partis — travaux ou pas — et restons déterminé·e·s — si cela

s'avèrerait nécessaire — à faire résonner le soutien aux Tanneries dans

la rue, et à rappeler que cet espace autogéré est défendu dans sa

globalité par de nombreuses personnes et associations, à Dijon et

ailleurs.


Pour ceux et celles qui ne seraient jamais passé·e·s par ici, ceci est

aussi une invitation à venir découvrir l'espace autogéré, plutôt que de

s'en tenir aux fantasmes et "on-dit".


Le 29 juin 2011,

L'assemblée de l'espace autogéré des Tanneries

E-Mail :

Teléphone : +33(0)-380-666-481

Site : http://tanneries.squat.net/