Dernièrement, une personne faisant partie du mouvement et vivant à Caen

s’est rendue au Pérou. Elle a pu rencontrer à Lima un certain nombre

d’anarchistes et leur laisser une petite quantité de livres et revues en

espagnol.

Elle a écrit, avec la subjectivité qui lui est propre, un bref

compte-rendu de l’Etat actuel du mouvement anar à Lima. Nous le diffusons

ci-dessous afin que l’information circule. Ce compte-rendu est accompagné

de quelques adresses électroniques de groupes anars péruviens afin de

favoriser la multiplication des contacts avec eux.

Depuis quelques années, des groupes militants plus ou moins organisés sont

apparus dans la capitale et quelques autres villes du pays. Leur situation

est encore fragile. Ils/elles sont peu nombreux-ses. Il y a aussi parfois,

comme dans bien d’autres contrées, des tensions entre différentes

tendances et personnes. Leurs moyens matériels, logistiques et financiers

sont très limités dans ce pays qui est un des plus pauvres d’Amérique du

Sud.

Or il se trouve que nous avons appris récemment que 2 personnes de

confiance, que nous connaissons, vont se rendre au Pérou fin juin.

Elles sont disposées à convoyer une bonne quantité de livres, de brochures

et autres matériels en langue espagnole ainsi que de l’argent.

Pour ce qui est du matériel imprimé, tout est déjà prêt.

Pour ce qui est de l’argent, nous allons en collecter localement mais la

somme sera à la mesure de nos moyens, c’est à dire qu’elle sera limitée.

C’EST POURQUOI NOUS EN APPELONS À LA SOLIDARITÉ FINANCIÈRE DU MOUVEMENT

LIBERTAIRE FRANÇAIS. Nous invitons les individus, groupes, réseaux,

syndicats libertaires à nous transmettre un peu d’argent.

Livres, brochures et argent seront répartis, contre reçus, sur Lima et

Arequipa, ville où un groupe anar nommé « Amor y Odio » anime une petite

bibliothèque libertaire, des projections-débats et un site internet de

contre-information.

LES CHÉQUES DE SOUTIEN (AVEC LA MENTION « SOLIDARITÉ PÉROU » ÉCRITE AU

DOS) SONT À METTRE À L’ORDRE DU SIA ET À ENVOYER À L’ADRESSE SUIVANTE :

SIA BP 257 14013 CAEN CEDEX. Ce groupe anar local, qui dispose d’une BP et

d’un compte bancaire, transmettra évidemment l’argent à l’Assemblée

Libertaire.

Par souci de transparence, nous rendrons publique la liste des

contributions et une copie des reçus sera envoyée aux groupes, syndicats

et individus qui auront fait un don. Comme d’habitude.

NOUS INSISTONS SUR LE FAIT QUE LES CHÉQUES DOIVENT NOUS PARVENIR AU PLUS

TARD LE 23 JUIN 2010.

LE TEMPS PRESSE.

MERCI DE FAIRE CIRCULER LARGEMENT ET RAPIDEMENT CET APPEL.

L’assemblée libertaire de Caen peut être contactée à cette adresse mail :


Salutations anarchistes.


QUELQUES CONTACTS AU PÉROU :


Le collectif « Humanidad » de Lima qui publie le journal du même nom :

http://periodicohumanidad.wordpress.com/


Le site du collectif anar « Rompiendo el asfalto » qui a un squat à Lima :

http://rompiendoelasfalto.blogspot.com/


L’Union Socialiste Libertaire :

http://uslperu.blogspot.com/


Le groupe « Amor y Odio » d’Arequipa :

http://org-amoryodio.blogspot.com/


Compte rendu rencontre avec des militant(e)s

de la mouvance anarchiste péruvienne sur Lima


Pour des raisons personnelles je me suis rendue au Pérou durant la fin du

mois d'avril et début mai 2010. J'ai profité de l'occasion pour prendre

des nouvelles de la mouvance anarchiste sur Lima. Une première approche

s'est produite le 01 mai 2010 dans les locaux du SINATBAN (syndicat de

travailleurs de la banque nationale), prêtés pour les éphémérides à l'USL

(Union Socialiste Libertaire), groupe se revendiquant de la tradition

anarchiste.


Parmi les assistant(e)s, j'ai pu constater la présence des militant(e)s

d'autres groupements anars: un autour du journal « Humanidad »; deux

autres en tant que collectifs de discussion philosophique sur

l'université; un dernier autour d'un squat dans un quartier pauvre dans le

centre de Lima. Les assistant(e)s étaient fort nombreu(ses)x (une petite

quarantaine) par rapport à il y a 10 années (à peine quelques uns).

Presque autant des femmes que d'hommes, dont la plus grand partie étaient

des jeunes issus de milieu très modeste.


Il faut aussi dire que, de manière parallèle, il se tenait une autre

réunion anarchiste qui fêtait le 01 mai dans un quartier périphérique,

dans les locaux de la FOPEP (fédération de travailleurs boulangers),

organisé de manière conjointe par le groupe qui produit le journal «

Humanidad » et les camarades du squat libertaire, à laquelle je ne suis

pas allée car je ne l'ai su que plusieurs jours après. On peut en trouver

un petit compte-rendu dans le propre journal Humanité du mai (mis en

ligne, première page).


Les contacts pris, j'ai eu une réunion informelle avec des militant(e)s

hors USL le vendredi 07 mai dans un local commercial pour faire

connaissance, pour échanger des infos sur des pratiques libertaires, pour

donner aussi un modeste paquet de matériel imprimé en espagnol filé par le

SIA, dans le but d'alimenter le besoin de lecture anarchiste des

militant(e)s péruvien(ne)s. J'ai aussi reçu de leur part des journaux, des

brochures et quelques tracts de ces camarades, aujourd'hui disponibles à

la Pensée sauvage.


Mes impressions sur la mouvance anar et son évolution au Pérou est très

positive, bien que je souhaite faire des précisions:


USL: apparemment le collectif le plus actif et/ou visible, ils

entretiennent une page web et viennent de produire un journal appelé «

Avancemos ». Mon impression ne tient que à la journée du 01 mai: un seul

camarade à la tribune a pris la parole pendant à peu près deux heures,

dont le discours utilise beaucoup les mots « libertaire », « autogestion »

et « autonomie » mais sans vraiment développer le sens que l'on donne; une

haute valorisation des luttes populaires des années 70 – 80 menées par la

gauche radical; un analyse proche de la pensée marxiste (le déterminisme

de l'histoire, un certain avant-gardisme, une vision prolétarienne...);

une affirmation apparente dans les symboles capables de produire la

cohésion autour d'un groupe (drapeaux rouge/noire recouvrant les murs,

l'hymne anarchiste chanté debout à la fin...). C'est pour cela que je n’ai

pas trop cherché à les rencontrer.


Journal « Humanidad »: Il sont peu nombreux mais ce qui surprend est la

régularité du journal: depuis deux années, ils ont été capables de le

produire presque tous les mois. Un de ses principaux activistes est celui

que j'ai connu au SINATBAN, qui était à la réu convoquée par l'USL, à la

différence de tous ses autres camarades, qui étaient plutôt à l'autre

réunion ce 01 mai. Ce camarade est péruvien à la retraite, ayant vécu en

France pendant 25 ans, et il a milité dans des organisations anarchistes

françaises tels que l'UCL puis la CNT, il est aujourd'hui depuis 5 ans à

Lima où il milite. C'est ce camarade qui a promu la réu conviviale du 07

mai, non sans quelques malentendus à ce moment-là qui se sont réglés assez

rapidement. Le journal « Humanidad » est un document important de

diffusion de la pensée anarchiste sur Lima, qui engage aussi bien des

militant(e)s éparpillé(e)s que des squateurs libertaires et des

étudiant(e)s universitaires. Bien que je n'ai pas lu tout le contenu et

même pas tous les journaux produits, j'ai l'impression que les idées de

l'anarchisme fondateur (Bakounine, Kropotkine...) y sont bien

représentées.


Collectifs d'études anarchistes: J'ai connu deux groupes. Il étaient

critiques de la propagande de l'USL, mais je ne connais pas leurs

activités précises, seulement leur proximité idéologique du groupe «

Humanidad » quoique en démontrant bien leur distance. J'ai pu établir le

contact direct avec un de ces militant(e)s, étudiant à l'université qui

permet à la fois le lien entre le collectif duquel il fait partie et les

camarades du squat. Pas plus d'info que ça.


Le squat libertaire: C'est l'expérience anarchiste qui m'a impressionné le

plus. Je dois préciser que je n'ai pas pu visiter le squat, pas eu le

temps. En tout cas, il s'agit d'un étage occupé illégalement par des

jeunes anarchistes (dont un camarade uruguayen) dans un bâtiment délabré

dans un quartier du casque urbain à Lima. Ce bâtiment est aussi le foyer

illégal de familles très modestes et même en marge de la loi. Des enfants

y sont souvent délaissés par leurs parents, chômeu(se)rs de long date

et/ou moralement abbatu(e)s. Ces camarades, pas très nombreu(se)x à y

habiter à présent, se battent pour la diffusion des pratiques anarchistes

telles que l'autogestion et la solidarité au quotidien: un petit jardin

bio a été créé sous le principe d'investissement illégal des terrains

vagues, ainsi que la prise en charge de quelques 20 enfants du bâtiment

une fois par semaine dans leurs locaux, où ils passent des projections et

proposent des activités ludiques et, enfin, l'apprentissage de la

solidarité. Ils se proposent aussi de les apprendre à lire, et je suis

sûre que ce ne sera pas pour apprendre le catéchisme. Ils se posent des

questions sur l'école libertaire, et plus loin sur le concept même

d'école. Ils côtoient des femmes prostituées qui travaillent au rez de

chaussée du bâtiment, alors ils réfléchissent à la problématique féminine

et pensent à la création d'un collectif anarcho-féministe. Malgré leurs

énormes difficultés économiques, ils s'autofinancent. Ils ont crée un

collectif appelé « Rompiendo el asfalto » (« Cassant le bitume »), dont un

article a été publié dans le dernier numéro de Humanidad. On peut y lire:

« Notre lutte est basée sur la réappropriation des connaissances humaines

qui ont été perdues par résignation dû à la domestication civilisatrice...

».


Je veux aussi parler brièvement du collectif anarchiste « Amor y Odio »

d'Aréquipa (« Amour et Haine »), la deuxième ville la plus peuplée au

Pérou, dans le sud. Collectif né d'un long processus d'affirmations et

dissensions dans le mouvement anarcho-punk des années 80 et 90, ces

camarades entretiennent une page web, ils restent très actifs tout le long

de l'année avec projections-débat et une petite bibliothèque libertaire

qui est ouverte deux fois par semaine. Parmi les liens proposés dans sa

page web, on y trouve autant l'USL que le journal « Humanidad », ainsi que

d'autres... Je n'ai pas pu me rendre sur place, mais on peut visiter leur

site web et avoir ainsi un petit aperçu des actions qu'ils mènent et de

leurs débats.


En guise de conclusion, la mouvance anarchiste péruvienne s'est beaucoup

développée ces dix dernieres années. Le premier moment clef paraît avoir

été l'année 2006, après une rencontre nationale anarcho-punk à Cajamarca

(prévue au départ comme une rencontre musicale punk, dans le nord du pays)

où les anarchistes voulant contester la société à travers l'organisation

militante se démarquèrent des anarcho-punks dont la perspective est plutôt

pessimiste et/ou nihiliste (?). Un deuxième moment important fut, il

paraît, la rencontre des collectifs anarchistes et proches de la mouvance

libertaire à Lima dans l'année 2008, mais pour cela je n'ai pas vraiment

d’infos.


Cependant, le monde libertaire au Pérou reste encore fragile dû à leur

faible tradition anar. Je crois que des échanges plus constants avec nos

camarades péruviens peuvent être développés, pour les épauler dans leurs

démarches de construction d'espaces libertaires, mais aussi pour apprendre

de leur expérience, qui à vrai dire, n'est pas si différente de la nôtre.


Viva la Anarquía!!


Vallejo de Caen