logique industrielle et productiviste requiert un usage massif de

pétrole, de pesticides, d'engrais, d'emballages plastiques, le transport

des aliments sur des milliers de kilomètres et provoque la stérilisation

des sols et des cours d'eau, la désagrégation de liens sociaux dans les

campagnes et l'exode rurale, l'exploitation et le maintien dans la

misère de millions de sans-papier-e-s et sans-terres en Europe et dans

le monde. Son développement à l'échelle mondiale n'aura fait

qu'aggraver les inégalités sociales, la destruction de la biosphère et

livrer le vivant, des champs jusqu'aux semences et engrais, aux tenants

de l'agro-industrie mondiale et à leurs trusts.

L'agriculture industrielle est un cercle vicieux dévastateur. Des mythes

progressistes aux mentalités conservatrices, du rouleau compresseur

économique aux choix étatiques, son offensive est toujours féroce, même

relookée « écolo ». Partout dans le monde, des millions de paysans se

battent pour garder un contrôle sur leur ressources, pouvoir nourrir les

leurs et ne pas finir dans des bidonvilles. En Europe, les politiques

alimentaires ont presque réussi à faire disparaître totalement la

« paysannerie » en faisant en sorte qu'il soit presque impossible pour

les petits agriculteurs de vivre du travail de la terre et pour les

jeunes de s'installer comme paysan. Elles ont rendu la plupart d'entre

nous complètement dépendant-e-s, coupé-e-s de tout savoir-faire » »,

espaces et pratiques connectées à la production de notre alimentation.


Autour de Dijon, des maraîchers, paysans et des associations regroupant

des citadins ou des ruraux, dénoncent et défient la domination de

l'agriculture conventionelle. Des initiatives variées mettent l'accent

sur les divers freins institutionnels et politiques à l'installation que

rencontrent notamment des projets bios orientés vers la vente directe et

locale ou vers des associations. Mais l'accès au foncier demeure souvent

verrouillé face à des visions en porte à faux avec l'agro-industrie et

ses hypermarchés.


Chaque jour des hectares de terres dans le monde sont grignotées par le

béton, et les anciennes ceintures maraîchères font sans cesse place à

des zones commerciales, des parkings et des immeubles. Dijon ne transige

pas à la règle : les campagnes alentours sont tenues par les gros

producteurs, la ceinture maraîchère est en friche ou bitumée, et les

jardins ouvriers, reflets de communautés sociales et trésors de

débrouilles, tendent à disparaître, malgré les fortes demandes à ce

sujet. On nous parle sans cesse d'éco-quartiers, mais au delà-du flon

flon vert pour l'image et de la réalité eco-aseptisée qu'elle cache, ce

que nous souhaitons (re)créer aujourd'hui ce sont des zones maraîchères

au sein et en périphérie des villes. Nous voulons des terres où puissent

se développer des projets agricoles pour des paysans qui souhaitent

s'installer, aussi bien que des potagers qui permettent à des citadins

de cultiver une partie de leur nourriture.


Les initiatives de libération de terres laissées en friche ou vouée au

béton, et la mise en place de potagers collectifs sont parmi les moyens

possibles pour défricher les bases d'une agriculture, locale, directe,

bio.... Elles questionnent les modes de productions et le cloisonnement

producteurs-consommateurs. Elles permettent de briser en acte le

brevetage et la commercialisation systématique du vivant, et de

fertiliser les liens qui se tissent à partir d'une terre partagée,

habitée et travaillée...


Parce que la nourriture est un besoin primaire, parce qu'autonomiser

l'alimentation de l'agro-industrie est à la charnière de tout projet

social émancipateur, parce que nous voulons mettre nos idées en pratique

et relier des actions locales aux luttes globales, parce que le refus de

la nourriture industrielle ne se situe pas sous plastique et hors de

prix dans un rayon high tech de supermarché. : libérons les terres !