L’arrêt rendu par les juges est particulièrement spécieux : si la Cour reconnaît en effet que l’entretien paru dans L’Express du 2 octobre "ne concerne qu'en toute petite partie les faits qu'il ne pouvait pas évoquer" et que, dans les passages incriminés, Jean-Marc Rouillan a seulement commenté cette interdiction de parler, elle estime cependant qu’il est coupable d’avoir "exprimé une opinion", "fût-ce avec ambiguïté", du fait que ces propos "ont été perçus clairement par les familles des victimes".

Le 16 octobre, Jean-Marc Rouillan avait une fois de plus été l’objet d’une décision d’exception rendue par une justice d’exception, par "la dernière création de la justice antiterroriste : le juge d’application des peines antiterroriste" (communiqué du Syndicat de la magistrature du 27 novembre).

L’Etat prétend interdire à Jean-Marc Rouillan de s'exprimer publiquement et de s'engager dans un parti politique légal. Mais, au-delà de Jean-Marc Rouillan, c’est une attaque contre le droit de libre expression de chacun, une atteinte aux libertés fondamentales.

Depuis plus de vingt ans, en France, comme en Europe et dans toutes les "démocraties", les lois répressives se multiplient et le droit pénal se durcit. De la Loi sur la sécurité quotidienne, adoptée par la gauche plurielle, à la Loi sur la rétention de sûreté, votée par la droite sarkozyste, en passant par le fichage ADN ou la chasse aux étrangers, l’idéologie du tout-sécuritaire et le prétexte de la lutte antiterroriste visent à criminaliser les opposants aux politiques réactionnaires et de régression sociale.

Alors qu’une crise aux effets déjà destructeurs s’est installée, la classe dominante entend contrôler toute contestation, casser toute résistance, réprimer toute révolte des exploités.

Nous demandons la libération de Jean-Marc Rouillan, comme nous continuons à demander celles de Georges Cipriani, de Régis Schleicher, de Georges Ibrahim Abdallah.

Le Collectif "Ne laissons pas faire !"

Paris, le 9 décembre 2008