Soutien aux arrètés de Tarnac
dimanche 23 novembre 2008à 20:55 - En vrac - Lien permanent
Conférence de presse donnée le 16 novembre dernier
Hier, près d'une centaine d'habitants de Tarnac et alentour, voire même de tout le plateau, se sont rassemblés pour partager leurs sentiments sur ce qui s'est passé mardi et ont décidé de créer un comité de soutien dont voici la communication qui a été lue par Michel Gillabert, installé depuis quelque temps comme tailleur de pierre dans la commune voisine de Tarnac a Rempnat:
L'atmosphère qui a régné hier soir entre nous était un mélange de colère, d'incompréhension, et du sentiment effrayant d'une disproportion, d'une démesure humiliante. A cette occasion, un réel et très émouvant soutien s'est exprimée de la part de beaucoup des habitants de la commune et de ses environs. Il faut dire que les évènements de mardi avaient de quoi impressionner. En effet, 150 policiers ont bouclé le village, paralysé la vie communale. Le village a été envahi par une armada de policiers encagoulés, d'un hélicoptère, de chiens renifleurs d'explosifs, de policiers en blouse verte, de préleveurs d'ADN et de journalistes, beaucoup de journalistes. Les dépêches AFP tombent a 8h30 du matin, comme si les journalistes avaient déjà écrit leurs papiers avant d'arriver sur la commune.
Un dispositif anti-terroriste mais pas de terroristes pour leur rendre la réplique dans cette pièce de mauvais goût. En effet, quelques heures après, ce que les enquêteurs constatent, ceux qu'ils rencontrent, c'est monsieur et madame tout le monde. Pourtant les termes sont lâchés, comme on lâche des chiens ultra-gauche, terrorisme, mouvance anarcho-autonome, terroriste, violence, terreur, libertaire, anarchiste, nihiliste, groupuscule, commando, et j'en passe...
Ces termes, dès le début, ont servi à briser la présomption d'innocence, à rendre tout le monde coupable de terrorisme, terme-choc, qui cristallise la peur des gens, et masquent une toute autre réalité, partagée ici.
Dans ce contexte, 6 personnes ont été arrêtées. Pour le moment, la police cherche à trouver les coupables pour des histoires de catenairs sur les lignes SNCF, pas même ces affaires de plaques en béton sur les rails de trains. On est très loin d'une attaque au gaz dans le métro Parisien. Même le chef de la DCRI a indiqué récemment "il n y a pas de mise en danger de vies humaines dans cette affaire".
Mais de quoi s'agit-il ici? D'une commune qui a accueilli des jeunes, des amis sont venus les voir, certains sont restés, ou reviennent, certains ont repris l'épicerie, d'autres font de l'agriculture, d'autres organisent des activités culturelles, ou comme moi, maitrisent un savoir-faire, la taille de pierre. Les gens se retrouvent sur des échanges de savoirs, des échanges de moyens, des coups de main, chers à la tradition des gens d'ici. Comment peut-on parler de planque ou de clandestinité alors qu'il s'agit d'abord ici de fuir l'anonymat et l'agressivité des métropoles? Mais ce qui pour nous est important à relever ce soir, c'est le caractère indécent, disproportionné et scandaleux de cette descente policière à Tarnac. Je n'ai pas besoin de répéter qu'on a là affaire à une operation médiatique et politique. Le triomphalisme du gouvernement, la rapidité d'intervention de la police après les sabotages, la disproportion du dispositif policier et médiatique, le flou général qui entoure cette ultragauche "qui ne revendique rien et n'est pas structurée" ( Michèle Alliot-Marie) indiquent une volonté de produire du coupable chère à un gouvernement désavoué par ses politiques économiques et sociales qui subissent actuellement une crise sans précédent.
De telles pratiques politiques anti-terroristes ont d'ailleurs déjà été dénoncées, notamment par le syndicat de la magistrature dans un communiqué du 26 juin intitulé "la direction des affaires criminelles voit des terroristes partout";. Nous vivons dans une période ou les mouvements sociaux, de plus en plus rares, ne freinent en rien une situation générale qui empire chaque jour. Ces grandes démonstrations de force continuent à alimenter la paranoïa installée en occident depuis le 11 septembre surtout lorsque la police opére dans le cadre d'une juridictions d'exception (garde à vue prolongée, accès restreint à un avocat,motif d'inculpation et concept judiciaire maléable à merci).
Nous pensons beaucoup a nos amis qui se trouvent enfermés en ce moment, et nous demandons leur libération immédiate et la création de comité de soutien partout.
Communique de presse du 16 Novembre 2008
Le comité de soutien aux inculpés du 11 Novembre constate l'absence de preuves et les mensonges répétés de la police. On parlait le 11Novembre de traces ADN, d'empreintes digitales etc... Trois jours apres, les dossiers sont vides.
Nous condamnons les incriminations sans fondements et démesurés. Nous condamnons l'utilisation du dispositif antiterroriste qui permet cette disproportion, cette injustice. Nous exigeons la libération des cinq personnes maintenues en détention et le retrait du chef d'inculpation "TERRORISTE".
a Tarnac, le 16 Novembre 2008
le comité de soutien aux inculpés du 11 Novembre.