a propos des roms!
lundi 13 septembre 2010 à 16:03 - Dijon - Lien permanent
Voici ci-dessous, le texte distribué à Dijon par la caisse de solidarité à
l'occasion de la manifestation du 4 septembre.
### La chasse aux Roms se poursuit à Dijon !
Caisse de solidarité 21 –
Pour rappel :
Les propos de M. Rebsamen, Maire de Dijon, à propos des roms :
http://www.leparisien.fr/politique/francois-rebsamen-les-maires-ont-raison-d-expulser-les-roms-03-09-2010-1053237.php
http://www.leparisien.fr/politique/francois-rebsamen-les-maires-ont-raison-d-expulser-les-roms-03-09-2010-1053237.php
Le communiqué de la Caisse du Collectif "un toit pour toi" publié cet
été :
http://www.brassicanigra.org/contributions/squat-de-roms-expulsion-manquee-a-dijon-communique-de-un-toit-pour-toi-et-reponse-a-gilles-dupont-voix-de-la-police-au-bien-public.html
« Or je crains que ce type de manifestation n’aille jusqu’à demander à
nos maires et nos élus d’installer eux-mêmes des campements de Roms dans
nos villes ou de fermer les yeux sur certains squats… (...) L’occupation
illégale de terrains publics ou privés n’est pas permise. Les maires ont
raison de saisir la justice pour les expulser. Quant à l’expulsion du
territoire français, il est du devoir d’un gouvernement de reconduire à
la frontière des étrangers en situation irrégulière. Mais dans le
respect des principes républicains, de la personne et de la dignité
humaine. Et sans spectacle… » François Rebsamen, in le Parisien,
vendredi 3 septembre.
Les politiques annoncées cet été, de discrimination et d'expulsions
groupées des Roms, ne représentent malheureusement qu'une
intensification et surtout une visibilisation assumée des dispositifs
répressifs déjà mis en place au quotidien par de nombreuses
municipalités et préfectures en France. Dijon s'est tristement illustré
à ce sujet ces dernières années, comme le rappelle encore le rapport
publié récemment par l'association roms-europe.
En avril 2009, une dizaine de ressortissant-e-s roumain-e-s étaient
arrêté-e-s à Dijon sous des accusations de recel, d'escroquerie à la CAF
et à la CPAM ou encore d'aide au séjour irrégulier. Ces arrestations
permettaient à l'époque de semer la peur chez les autres Roms, de
légitimer les discours discriminants du Maire sur des personnes qui
vivraient « d'escroquerie permanente » et de justifier la répression
mise en oeuvre pour les faire partir de la ville et vider les squats. Il
s'avèrerait après coup que la procédure avait été initiée grâce à une
délation mensongère du président de l'association France-Roumanie,
proche de l'équipe municipale. Après des mois des prisons, des
expulsions et des articles xénophobes dans le journal local sur le
« problème Rom », les inculpé-e-s avait pourtant fini par obtenir un
non-lieu sans même qu'un procès soit requis, puisque la justice même
avait reconnu que la plupart des chefs d'inculpation ne tenaient pas
debout.
En mai 2010, malgré les mobilisations et après des mois de harcèlement
policier quotidien, la Caserne du Creuzot où avait vécu jusqu'à 150 Roms
était expulsée par la police, faisant disparaître les affaires
personnelles des familles dans des bennes et avec encore une fois la
volonté d'en finir. La préfecture envoyait un communiqué sur l'expulsion
titré en novlangue « opération de relogement en cours » et annonçait la
construction d'une nouvelle prison et d'un camp de réinsertion militaire
pour la jeunesse à la place des logements des familles.
Cela n'a pas empêché certaines familles de continuer à se battre pour
échapper aux mailles du filet et rester à Dijon. Fin juin, des familles
ont réoccupé des maisons vides appartenant à la ville de Dijon près des
facultés. Le 7 juillet, les services du Grand Dijon, la police et des
compagnies de travaux sont venus expulser les familles illégalement et
sans s’embarrasser des procédures censées garantir un certain nombre de
droits, même aux occupant-e-s de squats. En été, il semble que plus
encore qu’à l’habitude, on ne s’embarrasse pas d’obstacles légaux et
qu’on imagine que tout le monde va fermer les yeux. Après avoir sorti
violemment les personnes des maisons, des ouvriers ont dévitalisé les
lieux comme cela semble être devenu le nouveau sport local pour empêcher
que des maisons vides soient utilisées : détuilage, trous dans les
toits, cassages des portes, escaliers et fenêtres. Après s’être faites
expulser aussi des pelouses de la Fac, sur lesquelles elles s’étaient
réfugiées, les familles ont cependant décidé de revenir à l’intérieur de
l’une des maisons, pour tenter tant bien que mal de garder un abri pour
l’été. Quelques jours plus tard, malgré un « rappel à la loi » adressé
par des associations et le refus par des policiers même d'expulser sans
procédure, la municipalité a envoyé un tractopelle pour continuer de
casser la maison jusqu'à ce que les familles regroupées à l'intérieur en
sortent.
Fin Juillet ces familles ont occupé des maisons laissées vides depuis
plusieurs années, à Chenôve cette fois-ci. Mais les élus socialistes
locaux n'ont pas été plus accueillants et ont tenté eux aussi, en
collaboration avec la préfecture, d'expulser sans procédure et de casser
les maisons avec les familles à l'intérieur. Mais la mobilisation a
cette fois payé et après des heures de face à face tendu avec des
policiers prêts à l'attaque, la soixantaine de soutiens rassemblés en
urgence dans la maison a fini par obtenir gain de cause et forcé la
préfecture à sonner le retrait des troupes. Après un répit de quelques
semaines, des procès intentés en urgence par la Mairie de Chenôve et le
soutien des juges, les familles sont cependant de nouveau à la rue et
leur sort laissé en suspens.
Dans ce contexte agité, trêve de récupération hypocrite et contrairement
à un certain nombre d'autres élus et militants PS, le Maire de Dijon a
choisi de se dire qu'il ne pourrait faire illusion en prenant la défense
de Roms. Il a donc préféré se ranger du coté des politiques
gouvernementales et de la loi, tout en appelant à des expulsions
respectueuses, dignes et surtout invisibles... Ben voyons ! Après des
siècles de rejets, de pogroms et de discrimination, le temps du répit
est loin d’être venu pour celles et ceux que commission européenne
présente aujourd’hui comme une "menace pour la cohésion sociale".
Pourtant pour le Maire de Dijon la question de la discrimination des
Roms en France s'arrête en apparence tout simplement là où la loi
commence. Quant à nous, au-delà des nécessaires prises de parti et
manifestations comme celle-ci, il nous semble primordial de continuer à
visibiliser ces faits et de trouver collectivement les moyens de nous
opposer concrètement aux politiques locales en la matière, aux lois
« indignes » et à leurs applications « irrespectueuses » à chaque fois
que nécessaire.
Caisse de solidarité 21 –
Plus d'infos sur le site www.brassicanigra.org