Jeudi 22 juillet Sarkozy déclare la guerre aux roms et aux gens du

voyage et annonce l'"expulsion de tous les campements en situation

irrégulière".


L'après midi même, la police de Chenôve découvre que des familles roms

se sont installées dans des maisons que la municipalité laisse vide

depuis trois ans en l'attente d'un hypothétique projet. Ces familles

se sont déjà fait

expulser de deux maisons par la force et à coup de tractopelle parle

grand dijon dans les semaines précédentes, sans que celui-ci ne

s'embarrasse de permis de démolir ni de procédure (voir article

ci-dessous : "Suite de la chasse aux roms à Dijon"). Vers 15h, la police

prend les papiers des occupants et s'apprête à procéder une nouvelle

fois à l'expulsion.


Les familles alertent des soutiens qui arrivent rapidement, bien

déterminés à ne pas laisser une fois de plus les autorités locales

procéder à une expulsion, et mettre ces familles à la rue. La Mairie PS

de Chenôve fait pourtant pression pour faire raser les maisons

immédiatement de peur de ne pas faire aussi bien que la Mairie

dijonnaise.


Une vingtaine de personne se rassemble, à l'intérieur et autour de la

maison. Comme la police est néanmoins un peu statique et en l'attente

d'ordre, l'adjointe au Maire, Sandrine Richard, envoie ses ouvriers

détruire à coup de masse la maison d'à coté pour éviter tout risque

qu'elle puisse être habitée aussi. Elle leur ordonne de s'attaquer

ensuite à la maison dans laquelle se trouve les familles. Les ouvriers

tentent de franchir la clotûre, sous les yeux des policiers qui

soutiennent calmement cette "violation de domicile" à la hache. Les

ouvriers sont repoussé par les soutiens, perdent leurs outils, et

certains, dégoûtés, décident de ne plus obéir aux ordres.


Dès lors des renforts policiers arrivent, mais aussi des soutiens qui

finissent par être une quarantaine à tenir le pavé et les grilles.


Le Préfet qui a peut-être peur de se voir limoger comme son collègue

grenoblois veut prouver qu'il a la main ferme et ordonne à ses troupes

de se préparer à expulser. Certains journalistes présents sur les lieux

sont conscients que la police préfèrerait que les caméras partent pour

mettre les familles dehors et décident de rester. Les personnes

rassemblées ont fait clairement savoir qu'elles ne partiraient pas

d'elle-mêmes et au fil des heures la situation se tend et devient de

plus en plus incertaine d'un coté comme de l'autre. Dans ce contexte, un

négociateur de la police arrive à isoler, sur un bout de parking qu'il

fait garder, les deux individus qu'il a estimé suffisamment crédules et

fragiles pour l'aider à trouver une fin "heureuse" à la situation et les

intronise porte-parole des familles roms. Il va tenter par tous les

moyens de faire accepter aux familles qu'elles partent volontairement de

la maison en échange d'une nuit au foyer Blanqui et de promesses

hypothétiques d'un avenir meilleur dont tout le monde sait qu'il ne les

tiendra pas. Le but de l'opération étant d'éviter une intervention qui

fasse tache, et de pouvoir faire l'habituel couplet à la presse sur le

relogement des familles assuré par la préfecture, en évitant bien de

préciser que c'est pour un soir seulement et qu'elles seront de nouveau

à la rue le lendemain.


Le problème, 'c'est que malgré les rêves manipulatoires du diplomate en

uniforme, les familles décident pour elle-mêmes, et qu'elle ne veulent

pas partir de la maison. Voyant que ses "porte-paroles" ne servent à

rien, le policier tente maladroitement sa dernière carte en allant

enfumer directement les familles. Il est accompagné du directeur

départemental de la sécurité publique en Côte-d'Or François Perrault qui

s'est déplacé entre temps. Il voudrait rentrer dans la maison mais

restera sous la pluie sur le perron, face à R., une des occupantes

campée

dans l'entrée de porte. Il lui déclare qu'il voudrait lui parler, qu'il

a de grosses offres à lui faire, mais qu'"il faut qu'elle accepte de lui

parler seul et sans les soutiens autour qui ne sont pas ses amis,

contrairement à lui". Eclat de rire général. R. lui répond du tac au tac

"je ne suis pas stupide, je sais qui sont mes amis, je reste avec eux.

Nous ne mettrons pas les pieds au foyer Blanqui, c'est une prison. On

reste dans cette maison." Il a perdu la partie. Son supérieur, peut-être

soucieux qu'il ne se ridiculise pas plus longtemps, finit par admettre

qu"il n'est pas certain de la légalité de l'opération et de la notion de

violation de domicile et qu'ils ne pourront procéder à une expulsion par

la force le soir même". Ils vont devoir lâcher la mairie de chenôve et

la laisser lancer une procédure. Ils ont perdu la bataille, et la Mairie

n'a plus qu'à envoyer rageusement à 9h du soir des ouvriers finir de

péter tout ce qu'ils peuvent dans les maisons vides aux alentours, sous

les insultes et les quolibets.

C'est indéniablement une victoire de la solidarité, de la détermination

et du nombre face à des autorités qui se croient tout permis surtout en

été, ne s'embarrassent même plus de leur propres lois, et ont décidé de

faire table rase des Roms à dijon.


Le lendemain, une procédure est lancée, la Mairie de Chenôve vexée, a

promis dans la presse qu'elle ferait détruire la dernière maison lundi

et fait passer une référé d'heure à heure avec une audience pour lundi

10h, invoquant l'urgence. Les avocats des Roms vont pour leur part

demander des délais. Lors d'un rendez-vous le lendemain le sous-préfet a

confirmé que les grosses offres de la veille n'étaient que

fumées,qu'aucun permis de séjour ni relogement, ni autorisation de

chercher du travail ne seraient accordés à ces

familles et qu'ils ne voulaient plus de Roms à Dijon. Il a même été

jusqu'à proposer de réfléchir à financer le retour de ces familles, même

si celles-ci n'ont plus ou pas encore droit à l'aide au retour (présence de

moins de trois mois en France), à condition qu'elles

promettent le soir-même de partir. Là encore le rêve d'expulsion

volontaire n'a pas pris. A suivre dans les jours et les semaines à

venir.


Article dans la presse web dijonnaise avec des photos :

http://www.dijonscope.com/007314-quatre-familles-roms-menacees-d-expulsion-par-la-ville-de-chenove


{{{-- Nota Bene pour les éventuels lecteurs de Gilles Dupont,

journaliste-policier

à Dijon suite à l'article « Expulsion de roms : les libertaires sont

dangereux »}}}


Soucieux de venger ses collègues policiers frustrés, Gilles Dupont qui

se dit journaliste au Bien public et y assure depuis plus de dix ans la

rubrique "sécuritaire", pond un article à la une le lendemain et en

remet une couche le surlendemain avec un pamphlet titré: "Expulsion des

Roms "les libertaires sont dangereux"."


Nous ne nous attarderons pas sur la somme de mensonges et d'attaques

que Gillou essaie de faire passer, cette fois en partie à travers la

bouche d'une travailleuse sociale, militante au PS arrivée la veille et

complètement désorientée.


La manipulation a été tellement grossière qu'elle-même, malgré toute sa

naïveté dans la situation et son absence de connaissance du sujet, était

révoltée de voir les propos qu'on lui avait fait tenir dans le journal

et ce à quoi ils avaient été utilisés. D'autant plus qu'elle malgré tout

été onformée depuis jeudi qu'elle avait été informée la veille qu'elle

aurait désormais beaucoup de mal à obtenir un poste promotionnel qu'elle

souhaitait et qui dépend de la mairie de Dijon ...!!. Au PS, on se mêle pas de

défendre des squats de Roms, qu'on se le dise !. Elle a écrit un

rectificatif au journaliste

qu'elle nous a fait parvenir et demandé de rendre public (en pièce

jointe à la fin). Même si ses écrits ne reviennent pas sur un certain

nombre de bobards et d'approximations, ils ont au moins l'intérêt de

montrer la manière dont un journaliste peut utiliser et retourner vos

propos.


Pour notre part, nous ne nous attarderons pas plus qu'il ne le faut sur

les inepties reproduites dans ce billet. Beaucoup des personnes

présentes ce jour là savent ce qu'elles font et se battent depuis des

années au coté de roms ou d'autres personnes "sans-papiers", que ce soit

pas des coups de mains pratiques, des hébergements, des accompagnements

juridiques ou des batailles politiques. Elles savent reconnaitre leurs

ennemis et n'attendent rien d'autres d'un personnage aussi sinistre que

Mr Dupont. Le collectif "un toit pour toi" précise néanmoins pour les

âmes crédules qu'il a défendu ces familles sur le terrain depuis

plusieurs semaines face aux attaques du Grand Dijon. (voir communiqué :

http://www.dijonscope.com/files/documents/007181-2010-07-13-communique-de-la-cai

sse-de-solidarite-21-relatif-a-l-expulsion-de-roms-rue-sully.odt ),

qu'il est intervenu à leur demande pour tenter d'empêcher l'expulsion ce

qui a marché et est resté en concertation avec les familles tout au long

de l'après-midi partant du principe que celles-ci décident pour elles

même et que l'on en a soupé du paternalisme humanitaire misérabiliste

qui semble parfois motiver et diriger le soutien aux roms ici comme

ailleurs. Inutile de dire que nous avons un peu rit jaune en lisant que

nous avions convaincu une femme de laisser ses enfants à l'intérieur,

surtout après s'être organisé pour conduire des enfants à l'extérieur,

et que nous avions disparu après la police, surtout vu le temps passé

depuis avec les familles et pour organiser la défense juridique.


Qu'attendre d'un "journaliste" qui a sa source d'information principale

place Suquet, qui est arrivé en serrant une par une les paluches de ses

collègues policiers, est resté soigneusement sur le trottoir d'en face

et a passé une partie de l'après-midi assis à faire des blagues dans la

voiture de ses potes de la BAC et raconte avec la plus grande excitation

sa nuit passée avec eux dans le Bien Public ce samedi (Dijon BAC

night. extrait : "Il est 4 heures du matin. L'heure de passer

le relais à d'autres équipes. « C'était une belle nuit, non ? » Un

dernier café… jusqu'à la prochaine « soirée de BAC" mmmm, ça fait

envie... ).


On comprend donc qu'il ait souhaité consoler ses collègues qui ce jeudi

avait déjà chaussé les gants, les gazeuzes et les matraques, ont attendu

l'après-midi sous la pluie pour passer à l'action et ont dû rentrer

bredouille à la maison. Rappelons que Gilles Dupont a pris parti depuis

longtemps et mène vaillamment sa courageuse bataille contre les roms et

leurs soutiens à grands renforts d'edito racistes, de fantasmes

sécuritaires et de généralisations discriminantes. Rappelons que Gilles

Dupont avait relayé comme des faits avérés et avec les exagérations de

rigueur les divers montages policiers et accusations mensongères

d'"escroquerie à la CAF," de "recel" et autre "mendicité abusive" qui

avaient conduits sur la base de délations plusieurs roms en prison pour

des mois en avril 2008. Alors même que la justice reconnaissait que tout

cela ne tenait à rien et que les poursuites étaient abandonnées, Gilles

Dupont avait continuer à sortir des éditos brillants avec des titres

évocateurs comme "Oui il y a un problème Rom", resservant un pur

condensé de fantasmes xénophobes sur des « arrivées et départs planifiés

par une organisation qui les exploite et tire de grands profits de la

mendicité ou des vols », ou encore sur une « société parallèle, gérée

par des patrons, qui organisent les tours de manche, frappent ceux qui

ne rapportent pas assez, apprennent aux plus jeunes le vol et la ruse,

esclavagisent leur peuple à l’échelle d’un continent, et s’enrichissent

de la misère des leurs ». Son objectif avoué étant bien

d’assimiler toute la population rom à une mafia régie pas des tyrans,

menaçant d’envahir la ville et de dévaliser nos grand-mères.


{{{Article Deux :


---- Suites de la chasse aux Roms à Dijon ----}}}


{{{Expulsion de logements pour construire une prison.}}}..


<doc900|center>


Le vendredi 25 juin 2010, l'ancienne caserne, rue des Creuzots, où

avaient cohabité depuis presque un an jusqu'à 150 ressortissant-e-s

roumain-e-s a été expulsée et rasée dans la foulée. Avec un humour

cynique imparable, le préfet, Christian de Lavernée a envoyé ce jour là

à la presse un communiqué titré "Opération de relogement en cours pour

les occupants du squat des Creuzots à Dijon". Trêve de relogement, c'est

en réalité une centaine de policiers qui sont venus, bientôt suivis par

des tractopelles et ouvriers, pour mettre tout le monde dehors {manu

militari}. Les affaires personnelles des occupant-e-s, matelas,

gazinières, meubles, jouets et autres ont été enterré sous les décombres

ou mises dans des bennes à gravats sur ordre de la police

sans que leurs propriétaires puissent les récupérer, afin de les

décourager

de toute autre tentative de s'installer ailleurs. En guise de nouvelle

maison,

les habitants de la caserne ont eu droit à 3 jours en foyer d'où ils ne

pouvaient sortir

après 6h du soir, avant un retour, vivement conseillé, en Roumanie. Mais

toute cette opération n'avait pas seulement pour but de nettoyer la

ville de ces populations indésirables, puisque comme le confirmait le

préfet dans son communiqué, "La mise en œuvre de cette décision de

justice est importante pour réaliser deux projets d’aménagement attendus

dans l’agglomération dijonnaise". Ces deux projets sociaux tant attendus

étant une prison "nouveau concept" (voir blabla hors série) et un centre

d'insertion par l'armée de jeunes pauvres et voyous, dit centre "2e

chance". (sic)


{{{La carotte et le bâton}}}


Suite aux remous provoqués par les diverses mobilisations et révélations

sur la répression, le harcèlement policier et l'incarcération de

plusieurs Roms à Dijon sous des motifs fallacieux (voir blabla hors

série "la chasse aux Roms à dijon"), il avait semblé que les autorités

locales se soient un peu calmées. Elles n'avaient peut-être que changé

momentanément leur fusil d'épaules en vue de faire passer la pilule

d'une expulsion à grand échelle devenue gênante. L'ADISAR, une

association à vocation humanitaire de soutien aux Roms a en effet pu au

cours du printemps négocier quelques "récépissés de demandes de cartes

de

séjour" leur donnant autorisation de rester pour une période de 3 mois

éventuellement renouvellable (un an maxi) selon appréciations et

controles

très cadrée par la préfecture tous les 3 mois et valant durant cette

période

autorisation de rechercher du travail pour 11 personnes jugées plus

intégrable que les autres, or bien d'autres familles présentes depuis

plusieurs années à Dijon répondent à ces mêmes critères .


Si cela représente une avancée pour les rares qui ont pu en bénéficier,

l'intégration à la française pose aussi question à certain-e-s : "La

caserne c'était dur mais au moins on était ensemble, avec nos amis ; ça

vivait et on rigolait, on pouvait se donner des coups de main,

s'échanger des choses. Moi j'ai été super triste quand ça s'est fini.

Après le foyer, on pouvait pas sortir, c'était comme une prison. Alors

là, on a un studio c'est mieux, mais on est pas habitué non plus à vivre

tout seul comme ça, sans la famille et les amis. Souvent c'est triste.

On a voulu nous transformer en bons français en quelques jours, mais on

peut pas effacer notre culture et nos manières de vivre comme ça d'un

coup".

Pour la préfecture et la Mairie en tout cas, la contrepartie semble

cependant être claire : plus question que d'autres Roms arrivent ou

restent sur dijon, plus de mendicité ni de squats et plus de

protestations maintenant qu'une collaboration "bienveillante" est

amorcée.


{{{Des petits trous, toujours des petits trous... }}}


Fin juin néanmoins, suite à l'expulsion de la "Caserne", un certain

nombre de familles qui avaient refusé le retour en Roumanie et qui

souhaitaient continuer de vivre à Dijon ont réoccupé des maisons vides

près des facultés. Ces maisons devaient à terme à être rasées pour

laisser place au passage du tram et à un futur projet d'agrandissement

de l'esplanade de la Fac ("esplanade Erasme" dans le cadre du projet

"Grand campus") et ont été rachetées par le Grand Dijon qui en a

exproprié petit à petit les anciens propriétaires.


Le 7 juillet, les services du Grand Dijon, la police et des compagnies

de travaux sont venus expulser les familles illégalement et sans

s'embarrasser des procédures censées garantir un certain nombre de

droits, même aux occupant-e-s sans droit ni titre. Après avoir sorti

violemment les personnes des maisons, des ouvriers ont dévitalisé les

lieux comme cela semble être devenu le nouveau sport local pour empêcher

que des maisons vides soient utilisées : détuilage, trous dans les

toits, cassages des portes, escaliers et fenêtres. Avec plus de 8000

logements vacants recensés dans l'agglo, à ce rythme là, Dijon va vite

être troué de partout. Précisons qu'il n'y avait même pas de permis de

démolir sur ces maisons. Mais en été, il semble que plus encore qu'à

l'habitude, on ne s'embarrasse pas d'obstacles légaux et qu'on imagine

que tout le monde va fermer les yeux.


{{{Des familles face aux tractopelles du Grand Dijon}}}


Après s'être faites expulser aussi des pelouses de la Fac, sur

lesquelles elles s'étaient réfugiées, les familles ont cependant décidé

de revenir à l'intérieur de l'une des maisons, pour tenter tant bien que

mal de garder un abri pour l'été. Le lundi 12 juillet, alors qu'un

responsable du Grand Dijon était venu leur dire que la police viendrait

les expulser de nouveau et que les maisons seraient détruites le

lendemain, les occupant-e-s ont alerté un certain nombre de personnes

qui ont commencé à se mobiliser et à se relayer autour de la maison.


La caisse de solidarité [cf. précédent numéro de Blabla] a diffusé un

communiqué pour appeler à ne pas laisser se remettre en place de telles

pratiques : laisser expulser des personnes sans même une procédure

légale, laisser détruire systématiquement des maisons vides et ce sans

même qu'il y ait de permis de démolir ou d'utilisation à court terme des

locaux, et laisser la police et le Grand Dijon traiter les Roms ou qui

que ce soit d'autre d'une manière aussi brutale et discriminante et se

croire ainsi tout permis.


Malgré les pressions qui pèsent sur eux, certain-e-s de ceux qui avaient

pu obtenir un boulot et un appart ont pu passer discuter, faire un geste

de solidarité et un peu de traduction pour faciliter les échanges avec

les personnes venues soutenir : {"on était dans la même situation il y a

un mois et c'est bien possible qu'on y retourne dans un mois, alors

c'est normal qu'on vienne donner un coup de main et puis les gens ici,

c'est la famille et les amis."}


À l'extérieur, l'ambiance était plutôt aux coups de pression, avec le

directeur général du Grand Dijon, Phillippe Berthaut, venu arracher de

ses "propres" mains les panneaux légaux collés sur la façade et

précisant qu'il ne pouvait y avoir d'expulsion sans procédure et

décision du tribunal d'Instance. Voyant que les maisons commençaient à

être resquattées et que la destruction partielle des logis n'avait

peut-être pas suffit, celui-ci avait fait accélérer encore les ordres de

démolition. Le mardi, le dernier couple de locataires officiels de la

rue, solidaires de leur voisins de fortune, reçoit un coup de téléphone

leur annonçant que leur maison va être détruite dans l'après-midi : {"Je

suis en rage. On devait rendre les clés jeudi. Notre nouvelle maison est

à 60 kilomètres et on n'a pas fini de déménager. Franchement qu'est-ce

qu'il leur prend ? Il n'est pas question qu'ils touchent à cette maison

aujourd'hui ou alors il faudra me passer dessus. Et puis c'est

dégueulasse ce qu'ils font aux familles d'à coté. Nous on les aimait

bien. Vu qu'on habitait à côté on leur apportait de l'eau, des

gâteaux..."} La chef de travaux de l'entreprise Vigot, qui commence la

démolition des premières maisons sur le champ en courant dans tous les

sens n'a pas cette compassion. Elle sourit aux gamins roms quand elle

passe devant leur maison, mais déclare 10 minutes plus tard : "Moi j'y

suis pour rien, je reçois des commandes de la Mairie de Dijon et on les

exécute et là on doit tout raser, même la maison où ils sont ." Quand on

lui fait remarquer qu'elle ne peut pas écrouler une maison avec des

personnes à l'intérieur et qu'il n'y a même pas de permis de démolir,

elle maintient le sourire et réplique de nouveau qu'elle n'en sait rien

rien mais que c'est pas son boulot de se poser ces questions. On se

prend à rêver que la maison sur laquelle elle ordonne à ses gars de

s'acharner s'écroule sur elle.


Le soutien physique, la visibilisation des coups de vice du Grand Dijon

et les articles dans la presse ne suffiront pas pour cette fois. Jeudi

15 juillet, alors que même la police, revenue sur les lieux, semble

avoir décidé de ne pas braver la loi et renoncé à expulser, les têtes du

Grand Dijon vexées ne veulent pas lâcher l'affaire et envoient à 18h30,

l'exécutrice de Vigot et son tractopelle écrouler les murets qui bordent

la maisons avec les personnes encore à l'intérieur. Elle avertit ensuite

plusieurs fois, avec son empathie habituelle, que le prochain coup de

pelle sera pour le toit de la maison que les gens sortent ou pas. Seule

l'arrivée de quelques soutiens et de la presse finissent par la calmer.

Mais le soir même les familles ébranlées par la succession de pressions

et de menaces et lassées de vivre dans un champ de ruines, finissent par

décider de s'installer ailleurs.


{{{Les frontières se referment pour les Roms...}}}


L'avenir de ces familles reste sombre à Dijon, et sans solidarité

effective, la politique de chasse risque de se poursuivre. Il nous

faudra de nouveau marquer des coups pour faire rempart au sursaut

répressif de la municipalité et des ses agents. D'autant plus qu'au

niveau national, le secrétaire d'Etat chargé des affaires européenne, M.

Lellouche fait grand bruit sur la criminalité Rom et fait pression sur

le gouvernement roumains pour qu'il fasse venir ses policiers et

magistrats côté français pour aller traquer les Roms. Il a annoncé par

ailleurs une révision des aides au retour jugées coupables de stimuler

la migration et promulgué, comme Berlusconi, la création d'un fichier

national d'empreintes digitales des ressortissant-e-s roumain-e-s ayant

"bénéficié" d'un retour afin d'être sûr qu'ils ne reviennent pas par

ici. Parallèlement, l'Etat fait expulser les Roms occupant le quartier

du Hanul à St-Denis (93), le plus ancien camp en région parisienne.

Après des siècles de rejets, de pogroms et de discrimination, le temps

du répit est loin d'être venu pour celles et ceux que commission

européenne présente aujourd'hui comme une "menace pour la cohésion

sociale en Europe".

--- Lettre ouverte de Christelle Dubard à Gilles Dupont suite à

l'article du Bien Public "Expulsion de Roms : les libertaires sont

dangereux"


Monsieur, je tiens à rétablir certain des propos que vous avez tenu dans

votre article du vendredi 23/07/2010, intitulé " les libertaires sont

dangeureux". Dèjà le titre de l'article m'interpelle !! En effet, je ne

vous ai pas contacté pour mettre ceci en gros titre, mais simplement

pour vous rapeller que vous n'aviez pas intérrogé toutes les personnes

impliquées dans la situation et fait au plus pressé, comme je m'en

doute.


La teneur de mes propos était de dire que Mr leba et moi-même nous

sommes retrouvés à négocier pour que les Roms soient relogés dans un

endroit descent, qu'ils soient accompagnés dans leurs demarches

administratives, avant de se retrouver dans l'illégalité et qu'on leur

rende leurs papiers. Nous avons oeuvré aussi avec tous, pour que les

choses se passent le plus sereinement possible pour ces familles.


Je me suis retrouvée dans cette situation, avec Monsieur Leba à la

demande des services de police qui ne souhaitaient pas discuter avec les

libertaires. De mon côté, je n'étais présente dans cette situation que

depuis la veille au soir et Mr Leba, depuis le début (15 jours

environ).


La tension de cette situation a été particulièrement difficile à gérer,

pour deux personnes, qui ont agi individuellement et pour la première

fois en ce qui me concerne. En effet, Il y a eu des grands moments de

solitude, notamment la nuit pour Mr Leba qui dit avoir passé du temps

seul les 15 premier jours, ce qui m'a paru difficile à vivre pour un

seul homme. Il en a parlé à des amis communs et c'est la raison pour

laquelle je l'ai rejoint, sans raison de ne pas le croire. Il serait

souhaitable de le verifier auprés de lui, car il y a des doutes

aujourd'hui, sur cette aspect de l'histoire, y compris de mon côté. Par

contre, je sais qu'à d'autres moments, les associations en question,

dont " un toît pour toi", on été présentes, et le sont encore sur

certains plans, qui soutiennent grandement les Roms.


J'ai appréhendé les choses telles que je les ai vues sur le moment.

Notamment la question des enfants qui dans votre article n'est pas

exacte : certains membres du collectif on soumis l'idée qu'il serait

mieux que les enfants restent, d'autres on demandé l'avis aux parents et

une maman est partie avec les enfants amenés par une personne de

l'association en question. Moi j'ai été choquée par la proposition de

départ, mais il est FAUX que la maman ai été contrainte de rester et je

n'ai pas tenu ces propos.


La question du logement des Roms aux Tanneries, est le reflet de propos

des uns et des autres, des miens également et personne n'est d'accord.

En tant que journaliste, il me semble important de recouper les propos

de tous avant d'écrire et notamment ceux des Roms, qui n'ont pas tous le

même point de vue sur la question. Les avez vous rencontrés ?


En vous contactant je souhaitais que vous relatiez tous les efforts

communs et non les désaccords pouvant se produir entre les différents

intervenants. Vous deviez joindre Mr Leba, qui connaissait bien mieux la

situation que moi. Cela n'a pas été fait.


Par ailleurs, que mes idéaux soient différents de ceux du collectif,

cela me regarde, le propos de l'article ne devait pas être "les idées de

Mme Dubard", surtout dites de la sorte, avec en plus des inexactitudes.

Le propos était les Roms et les actions entreprises.


Je vous demande de bien vouloir publier cet article tel quel. De toute

façon je trouverai le moyen de le faire savoir si vous ne le faites pas.

Mr le Sous-Préfet Grimaud est au courant de ma démarche et sera sans

doute intéressé de lire cet article.


Christelle Dubard.