La prison claudique. Sur les coursives, les passants ronchonnent. "Si Sarkozy passe, on est cuits, plus de perm', plus de condi', plus rien" D'exaspération, René se gratte le béret: "Et qu'est-ce que tu veux que ça m'foute, ici on n'a rien!" Depuis Napoleon, les réformes du code pénal se sont succedées mais les legislateurs n'ont jamais remis en question la peine infamante des reclusionnaires. Pour les braves pépères parlementaires, l'essentiel est de nous maintenir à vie dans la caste des sous-citoyens. Détournez des millions de fonds publics, vous resterez un citoyen respectable, attaquez une banque pour quelques picaillons et vous deviendrez un intouchable. Par n'importe quel moyen, le but est d'éliminer les classes dangereuses du territoire politique. Mais il faudra bien qu'un jour le peuple des prisons réalise lui aussi son juillet 1789!
Aujourd'hui, les conversations tournent autour du départ de Doudou. A l'étage, sa frele silhouette s'agite, sans bruit, il prépare ses cartons.
Dix-sept piges passées dans la mème cellule, dix-sept piges devant la mème machine de l'atelier sans avoir jamais mis les pieds en promenade. Dix-sept piges d'un minutieux assassinat du temps qui passe, ou chaque seconde est circonscrite à une particule d'habitude dissequée et répétée a l'infini.
En décembre 2007, Jann-Marc Rouillan a commencé à quitter un systeme penitentiaire ou il était entré en février 1987. Il livre ici quatre années de réflexions menées sur son quotidien carcéral, depuis lequel il regarde également le monde du dehors, dit "libre". Ces chroniques sont initialement parues dans le mensuel de critique sociale CQFD.
En librairie le 18 janvier 2008
Collection "Elements"
216 pages, 10 euros
ISBN : 978-2-7489-0089-7
Du mème auteur aux éditions Agone:
*De mémoire (1)*
*Lettre a Jules*
*La part des loups*
voir http://atheles.org/pytheles/trouver?cherche=Jann-Marc+Rouillan